Les écoles du Canada (Janvier 2015)
Ce voyage à la découverte des écoles du Canada est présenté par Amélie DUSART
que nous remercions chaleureusement !
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Au Canada, dans la province de l'Ontario, j'ai eu la chance de visiter 3 écoles à Toronto, la capitale économique du pays.
Ces trois écoles sont situées dans des quartiers très différents, aussi bien par leur situation géographique que par leur histoire ou encore leur population. Elles m'ont été recommandées par le Ministère de l'Education de la Province qui m'a donné l'opportunité de voir ce qui se fait de mieux dans une province très en vue d'un point de vue éducatif en Amérique du Nord.
_________________________________________ TORONTO, CANADA
Crescent Town, quartier est - école maternelle et primaire
La première école, Crescent Town, accueille quelques 720 enfants de la maternelle au CM1 dans ce quartier populaire de l'est de la ville.
Gérée par la douce Penny, cette école veille à la bonne intégration des élèves mais aussi de leurs parents, pour la plupart issus de l'immigration.
Ces derniers ont ainsi accès à une salle dédiée.
Autres grands points positifs que j'ai pu relever :
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une communauté impliquée et présente au coeur de l'école
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une mixité revendiquée comme une richesse
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des salles de classe modulables et ludiques
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des projets centrés sur les élèves, pour de vrai !
1) Une communauté impliquée
Crescent Town collabore avec le Festival Artistique de la ville. Rien d'étonnant lorsque l'on voit les talents révélés dans chacune des classes et sur la plupart des murs de l'école :
2) Une mixité enrichissante
Les enfants sont encouragés à découvrir, reconnaître et mettre en valeur les aspects positifs de la diversité ethnique dont ils font partie.
3) Classes modulables
Des petits espaces à fonction spécifique sont aménagés : le coin “comme à la maison”, par exemple, où même le pot fragile en terre cuite n'a pas été oublié (photo de droite).
L'institutrice explique que les élèves sont amenés à évoluer dans cet espace en prenant soin de tout ce qui s'y trouve; on leur montre comment se servir et manipuler ces objets du quotidien.
4) Les Projets
Dans cette école comme dans chacune des écoles visitées, le programme de l'Ontario* est clair : il faut développer la capacité de réflexion, d'autonomie et d'implication de chaque élève.
Pour ce faire, des étapes prédéterminées rythment les réalisations de projets des élèves afin qu'ils puissent notamment donner leur avis sur leur déroulement et leur bonne réalisation.
Ils sont également invités à avoir une réflexion a posteriori afin de se remettre en question, apprécier ce qui a été réussi et proposer eux-mêmes des axes d'amélioration pour leurs futurs projets.
Ces projets peuvent être artistiques, scientifiques ou littéraires et aborder des aspects concrets de la vie des élèves comme l'aménagement de la cour (cf. photos ci-dessus) : les élèves de toutes les classes ont été sollicités pour repenser l'espace qui manquait de verdure, entre autre.
Les enfants se sentent tout à fait impliqués et se montrent d'autant plus imaginatifs, créatifs et même très productifs !
Tout n'est pas parfait, bien entendu, l'école manque de place pour s'agrandir alors que les communautés alentours ne cessent de croître et ne vivent pas toujours de façon si harmonieuse.
La directrice de cet établissement, qui en est le pilier depuis des dizaines d'années, doit se retirer en fin d'année, ce qui laisse les institutrices soucieuses quant à la continuité des projets mis en place.
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* Bien qu'il y ait de très nombreuses similitudes entre les systèmes d'éducation des 13 provinces et territoires du Canada, il y existe des différences importantes entre les programmes d'études.
Windfields Junior High School, quartier de North York - Collège
La deuxième école, Windfields Junior High School accueille des collégiens qui ont entre 12 et 15 ans.
Cet établissement est situé au nord de la ville, dans le quartier de North York.
Plus privilégiés qu'à l'est, ses habitants savent qu'ils envoient leurs enfants dans une école qui vise la réussite et le développement des talents.
Quelques bonnes pratiques à retenir :
- Un programme de langue française pratico-pratique
- Des réflexions citoyennes et responsables encouragées
- L'expression de talents divers
1) French Immersion
À Windfields, la moitié des élèves adoptent le “French Immersion Program” : un tiers de leurs cours sont dispensés en Français. Certains points de leur programme d'histoire-géographie ou d'économie par exemple sont abordés en français.
Encore une fois, les intérêts et visions individuelles sont encouragés à travers des productions concrètes et originales.
2) Réflexion citoyenne et responsable
Il existe également des associations en lien avec des oeuvres caritatives au sein même de l'école.
Dans un élan similaire, certaines actions et refléxions sont encouragées et sont régulièrement le sujet d'expositions réalisées par les élèves :
3) Talents, en avant !
De nombreux cours, clubs et ateliers sont proposés afin que les jeunes développent leurs talents sportifs, artistiques ou autre. Voyez plutôt :
Tout cela semble remarquable, même si on pourrait sûrement objecter à cet établissement son côté élitiste et le parcours éducatif rythmé par une course aux écoles et universités réputées.
Elmlea Junior School, quartier d'Etobicoke - maternelle et primaire
La troisième et dernière école visitée à Toronto s'appelle Elmlea Junior School et accueille 530 élèves de maternelle et de primaire (JK – Grade 5).
Elle se situe dans la banlieue ouest de la ville, dans un quartier appelé Etobicoke.
Dans cette école, le French Immersion Program est également en place et étant la seule à le proposer dans les alentours, elle reçoit et enseigne le Français à des élèves venus de 21 autres écoles du quartier.
La journée type reflète celle de la plupart des écoles de premier cycle : elle démarre à 8h30, se termine à 15h et peut se prolonger jusqu'à 16h30 si les enfants participent aux activités organisées par les instituteurs et institutrices.
Quelques belles pratiques à noter :
- Des enseignants spécialistes pour une divesité de l'apprentissage
- Des parents largement encouragés à participer à la vie de l'école
- Un jardin d'apprentissage pour des élèves pas comme les autres
1) Des enseignants spécialistes
Le principe est de faire en sorte que chaque enseignant puisse faire profiter à ses élèves de sa connaissance dans un domaine “annexe”, souvent artistique, tel que la musique, le théâtre, le chant, la peinture...
Ce système, même s'il a été révisé par le nouveau gouvernement conservateur et n'est plus aussi souple, permet une rotation des cours.
Plus précisement, il s'agit de dédier certains créneaux à ces enseignements “spécialisés”, les élèves sont alors regroupés selon leurs centres d'intérêt et peuvent, selon la directrice, Madame Aarti Patel, “retirer le meilleur de chaque enseignant”.
2) Des parents impliqués
Les parents, par la volonté de la province ontarienne, sont amenés à participer à la vie de l'école de leurs enfants. Ils sont régulièrement informés de points pédagogiques et politiques importants se rapportant de près ou de loin au quotidien de leurs enfants. Pour cela, des réunions se tiennent très régulièrement à l'école le samedi matin.
Il existe également un comité d'une vingtaine de parents qui s'occupent de relayer ces informations et d'organiser des actions utiles à tous, comme le système de “drop-off” qui permet aux parents de s'organiser entre eux pour déposer et aller chercher les enfants à l'école.
3) Des citoyens en herbe
Seule pratique dont je peux vous faire profiter visuellement : le jardin d'apprentissage.
La visite de cette école a été superbement animée par une poignée d'élèves qui m'ont envoyé quelques clichés par l'intermédiaire de leur enseignante Joanna, alors que la batterie de mon appareil m'avait lâchée ce jour-là !
Pendant ce tour de piste très détaillé, j'apprends que l'école a reçu la visite de Nelson Mandela lui-même. Ce dernier a pris soin de laisser une trace de son passage au travers d'une lettre dans laquelle il fait part de son admiration pour les beaux projets mis en place et l'investissement de chacun pour qu'ils se concrétisent.
Les élèves, très fiers, m'expliquent le déroulement de l'un d'eux, le fameux jardin : un coin de cours de récréation aménagé par les enfants qui sert à dispenser des cours autrement, en extérieur. Des rondins de bois sont utilisés pour servir de bancs aux élèves, placés en demi-cercle face au “rocher du professeur”.
Soucieux des questions citoyennes et de l'environnement notamment, ils préparent des plantations avec des pneus recyclés (photos ci-dessus) et aménagent aussi un espace pour aider les papillons monarques à survivre.
Rien d'étonnant alors de les entendre me répliquer “Of course!” lorsque je leur demande s'ils sont conscients des missions qui seront les leur quand ils seront plus grands...
_________________________________________ MONTREAL, QUEBEC
La Dauversière, Montréal - école primaire
Toujours au Canada, mais chez nos cousins québécois cette fois, j'ai pu passer une journée avec Andréanne qui est une professeure des écoles bien particulier selon notre point de vue car elle change de classe tous les jours !
Son école s'appelle La Dauversière, elle accueille quelques 750 élèves de Montréal.
Voici un aperçu de ses belles pratiques :
- Côté équipe pédagogique : temps partagé et spécialistes
- Côté élèves : différentiation et responsabilisation
- Point de vue global : aspect du cadre provincial
Andréanne (au milieu sur la photo ci-dessous) m'a chaleureusement reçue et a préparé ma venue avec sa collègue (à droite) afin que je puisse avoir un aperçu des pratiques de nos cousins québécois.
1) Côté pédagogique :
- le temps partagé
Le poste d'Andéanne consiste à remplacer différentes collègues dans la semaine afin de permettre à ces dernières d'avoir du temps à consacrer aux préparations, corrections et autres tâches leur incombant.
De son côté, Andréanne aborde des thématiques et disciplines “spécifiques” telles que la musique, l'art dramatique, les sciences, l'éthique & la culture religieuse ou encore l'univers social (histoire, géographie & éducation civique).
Je suis allée la voir un jeudi, jour où elle s'occuppe d'une classe d'élèves de deuxième année (l'équivalent de nos CE1) que voici :
Comme en Ontario, les arts sont mis en avant et exploités afin d'aborder des thématiques qui pourraient s'avérer plus difficiles à appréhender sans ce principe du “faire par soi-même”.
Par exemple, les cycles volcaniques en Sciences, abordés à travers des travaux d'arts plastiques (photo de gauche).
Parmi les autres matières enseignées, l'Éthique et la Culture religieuse soulèvent des sujets citoyens, le “vivre ensemble”. Sur la photo de droite, on voit l'extrait d'une histoire sur laquelle Andréanne s'est basée afin de faire réfléchir et débattre ses élèves sur les notions de partage, de confiance et de respect.
- des spécialistes en force !
A La Dauversière, l'équipe pédagogique est constituée d'une petite dizaine de spécialistes qui sont présents dans l'établissement au moins deux jours dans la semaine.
Elle se compose d'orthopédagogues, d'une orthophoniste, d'un psychoéducateur, d'une intervenante sociale, d'une psychologue, d'une infirmière et d'éducateurs spécialisés.
Grâce à eux, les enfants bénéficient par exemple d'ateliers de lecture, de mathématiques, de gestion de la colère et du conflit...
2) Côté élèves :
- Différenciation et autonomie
Arrivés au mois de juin, les élèves ont une routine bien ancrée. Établie par la professeure “principale” de la classe, elle est reprise par Andréanne.
La routine de classe repose sur une logique d'autonomisation mais elle permet surtout aux élèves de travailler et de progresser à leur propre rythme.
En effet, lorsqu'une activité impliquant toute la classe est terminée, les élèves complètent un cahier d'exercices (composé de matériels rassemblés par leur professeure car les élèves de premier cycle – CP et CE1 – n'ont pas de manuels officiels) “au fil de l'eau” sans pression de résultat ou de rapidité.
- Le travail d'équipe et l'importance de la responsabilisation
Le projet de groupes que j'ai observé était dans sa phase de réalisation de tâche finale.
Il consistait en une coopération de 4 élèves afin, tout d'abord, de fabriquer une structure flottante à l'aide de papier aluminium et de pailles, présenter leur travail à leurs camarades en expliquant pourquoi ils avaient choisi de procéder ainsi, pourquoi leur travail méritait “le premier prix” et ils devaient également envisager et parler des améliorations qu'ils auraient pu apporter. Finalement, les structures étaient testées “en live” (photo de gauche ci-dessous) dans une bassine d'eau où elles devaient supporter le plus grand nombre de billes à leur bord pour remporter la victoire !
Les critères de notation reposaient en grande partie sur leur aptitude à travailler ensemble, à ne parler qu'un à la fois par exemple, s'entendre sur la répartition des tâches pour décider qui disait quoi, qui mettait l'embarcation à l'eau, les billes, qui comptait...
A un groupe qui n'avait pas su coopérer, Andréanne a fait remarquer à la classe que leurs camarades n'avaient pas été “suffisament responsables” : cette notion de responsabilité est quelque chose que les enfants comprennent bien visiblement. En effet, ils semblent parfaitement connaître la signification de ce mot dans toutes ses nuances : celle de la responsabilité d'un projet partagé au niveau du groupe mais aussi au niveau individuel car cela fait au moins un an qu'ils se retrouvent responsables d'une tâche particulière chaque semaine (voir photo de droite).
Point de vue global : le Québec, une province perfectionniste
J'évoquais plus haut que les élèves progressent à leur rythme dans l'avancement de leur cahier d'exercices et que cela permet une différenciation autonome. Cependant, Andréanne m'a fait remarquer que les élèves sont recompensés selon leur bon avancement, regardez plutôt :
Selon Andréanne, cela illustre bien le système d'émulation “récompenses – avertissements” encouragé par la province. Elle déplore que la marge de manoeuvre des professeurs en soit souvent réduite.
Par exemple, si un enfant a fait en sorte de cumuler suffisamment de billets scolaires sur une période donnée grâce à de bons résultats, il n'aura qu'à rendre ces mêmes billets s'il est sanctionné - et il le sait ! - ce qui lui permettra de faire quelques écarts de comportement sans frais !
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