Visite des écoles de Suède (18 - 27 septembre 2013)
Ca y est, c’est aussi fini pour la Suède et Stockholm! Helsinki, j'arrive...
Je remercie infiniment pour leur soutiens et leur implication dans la concrétisation de ce projet :
- Marie-Hélène Ahnborg, déléguée de la Suède à l'Unesco et l'OCDE
- Kristina Björkegren du département éducation de la municipalité de Stockholm
- Nathalie Parmegiani, enseignante à l'école Franskaskolan - qui deviendra assurément une amie
Les 7 grands points positifs à retenir :
- Le développement de l’esprit critique. Rien d’étonnant que les Suédois se démarquent en matière d’innovation !
- Un anglais courant, sans accent
- L’intégration exemplaire de la garderie et des activités périscolaire au sein même de l’école (appelée « Fritis »)
- Les objectifs à atteindre présentés régulièrement aux enfants
- Une relation de confiance élève-enseignant et un apprentissage en co-responsabilité
- Les journées pour « apprendre à apprendre »
- La coopération scolaire, plutôt à l’école primaire
A noter : La totale gratuité des écoles publiques ET privées, la liberté de choix et la diversité des orientations pédagogiques à disposition des familles semblent à priori une idée novatrice et enthousiasmante mais l’effet pervers se fait lourdement sentir en Suède. La compétition qui règne entre les écoles et la ségrégation de plus en plus forte entre les écoles cotées et les écoles des banlieues défavorisées ne permettent pas d’affirmer que cette orientation soit la meilleure solution pour tous. Les classements des écoles sont régulièrement publiés dans la presse… Malgré une sincère volonté d’égalité des chances, le système génère une forte ségrégation, avec un fossé qui s’agrandit année après année…
Mercredi 18 septembre : Visite de Franskaskolan (5-18 ans : 900 élèves)
Arrivée hier soir sur Stockholm et déjà dans une école de bon matin… Franskaskolan (l’école française) est l’une des meilleures écoles de Stockholm. L’école a pour spécificité d’intégrer le français (en 1ère langue étrangère) en plus du programme suédois normal. Tous les cours auxquels j’ai assistés étaient en suédois. C’est donc une école suédoise – avec le français en bonus (et des exigences élevées…). C’est par ailleurs l’une des seules écoles à intégrer le cursus complet en un même établissement (préscolaire, primaire, secondaire, & périscolaire). Alors les 5 points du jour (Difficile de se limiter en ce 1er jour – je déborde d’infos…) :
1. Le point à retenir : la gratuité des écoles privées/"libres". A quelques rares exceptions près (les écoles d'excellence), par souci qu’équité, TOUTES les écoles privées suédoises sont GRATUITES… Franskaskolan est une école privée – gratuite pour tous (fournitures et livres compris – sauf fournitures au lycée). Elle est financée par la municipalité de Stockholm en fonction du nombre d’élèves (et si un enfant change d’école, l’argent est transféré avec lui…). Il y a environ 30% d’écoles privées à Stockholm…
Franskaskolan : la rangée de blouses brodées avec leur prénom, pour les plus jeunes...
2. Révolution. Le système scolaire suédois est en pleine mutation depuis 2011 et traverse une période de changements substantiels :
- Modification du système de notes (MAIS pas de notes "officielles" avant la 6ème année = 12 ans)
- Certification obligatoire pour tous les enseignants titulaires (sous peine de ne plus pouvoir travailler en 2015). La course aux diplômes a commencé pour bon nombre d’enseignants, malgré l’expérience et l’ancienneté…
- Nouveaux programmes nationaux à tous les niveaux
- Nouvelle formation des élèves-enseignants
- Instauration de tests nationaux obligatoires en 3ème, 6ème et 9ème années
3. L’école est obligatoire de 7 ans à 16 ans (années 1 à 9). Je remarque toutefois que les 1ère année (7 ans) ont déjà des bases en lecture et d’écriture après seulement un mois de cours (l’année scolaire a commencé le 20 août)… Les enfants commencent donc à poser les bases en préscolaire, pendant l’année préparatoire appelée année 0 (Förskoleklassen).
Suédois : les 3 lettres que nous n'avons pas en français...
4. Anecdotique mais trop tôt pour moi… Journées courtes pour les plus petits (8h10-13h10 ou 14h10). A noter, j’ai déjeuné avec les 1ère année à… 10h40 (pour la gestion de la salle des repas). Cela fait un peu tôt pour avaler mon poisson pané et mes légumes… Pour les plus grands, la journée peut s’allonger jusqu’à 16h. A noter, les cours du matin ou de l'après-midi en demi-groupe (les autres restent chez eux ou vont à la garderie de l'école)
La preuve en image : EMPLOI DU TEMPS des 1ère année
5. Et surprise côté discipline malgré ce que j’avais pu entendre sur la Suède… Des classes sages qui écoutent l’enseignant et participent en levant le doigt ou à propos. Mais est-ce lié à l’école et sa spécialité française ? Je visite bon nombre d’écoles « classiques » la semaine prochaine. Je vous dirai ça.
Le clin d’œil du jour… En découvrant la salle des profs, digne d’un joli salon anglais avec ses fauteuils hyper confortables (jugez par vous –même), j’y découvre même un fauteuil de massage high tech… Tiens prendre soin des enseignants, quelle bonne idée, cela va faire des jaloux… J'avais oublié de vous signaler qu'en Islande, certaines écoles offrent même des cours de gymnastique ou yoga à leur personnel (donnés dans l’école-même). Il fallait y penser !
La salle des profs...
Je profite d'un petit massage :)
Tant de choses à vous dire… Ce sera pour demain !
Jeudi 19 sept. : Visite de l’Université de Stockholm – Département de français
Suite des échanges sur les grandes différences entre le système scolaire français et le système scolaire suédois. 5 nouveaux points aujourd’hui, toujours aussi surprenants
1. Pédagogie du genre. La discrimination du genre est particulièrement traquée en Suède et un cours de pédagogie du genre est proposé aux futurs enseignants pour être irréprochables en matière de sexisme. Les Suédois sont même en train de créer un pronom personnel neutre pour transformer il/elle (mais cela est peu appliqué en pratique pour le moment si ce n'est dans les journaux). Après recherche, je ne trouve aucun livre en français sur la pédagogie du genre – plus investi par les Américains. Je vais essayer de rencontrer l’une des spécialistes la semaine prochaine, Kjasa Svaleryd. Les différences du genre constatées en France (qui m’ont été communiquées par une jeune chercheuse) :
- Les garçons sont plus souvent punis que les filles
- La violence est mieux tolérée chez les garçons que chez les filles.
- Les filles sont plus bavardes et participent plus en classe.
- Les professeurs d'écoles sont plus attentifs à la réussite des garçons.
2. Pédagogie suédoise : Les enseignants étrangers ont l’obligation de suivre un cours de « pédagogie suédoise » durant lequel ils doivent notamment comparer le système scolaire de leur pays avec celui de suède. L’objectif est de bien acquérir «l’état d’esprit suédois» : être toujours positif vis-à-vis de l’enfant qui est toujours valorisé et encouragé dans son apprentissage, jamais critiqué. Les enseignants sont par ailleurs très proches de leurs élèves (comme en Islande, pas de vous et on appelle le prof par son prénom). L'accompagnement n'est pas seulement intellectuel mais également émotionnel.
3. Pas de sanctions. Les punitions/sansctions ne semblent pas vraiment exister en Suède. Lorsque l’enfant fait des siennes (ce que je n’ai pas observé pour le moment…), l’enseignant sort de la classe avec lui pour lui demander de s’expliquer et de réfléchir à ses actes. La pression ultime semble être de menacer d’écrire aux parents…. Les redoublements sont par ailleurs interdits (pas forcément une bonne chose selon les enseignants…)
4. 69 semaines de congé parental, à partager entre les deux parents dont près d’un an payé à 80%. Bien–être, autonomie et responsabilité sont importants en Suède. Un enfant ne fera jamais l’bjet de châtiment corporel ni de mot déplacé. Jamais bousculé, malmené ou humilié, l’enfant est protégé. Après une longue période durant laquelle on en prend soin (congé parental prolongé et enfance), l’enfant est rapidement responsabilisé d’où la grande maturité des jeunes (scandinaves de manière générale).
5. Une vraie formation continue tout au long de la vie. Le déterminisme de l'âge, de la trajectoire linéaire et des diplômes ne semblent pas s'appliquer en Suède. Le système encourage chacun à reprendre des études à n’importe quel moment de sa vie. J’assisterai à un cours universitaire avec des personnes de tous âges. Intéressant… Les universités sont gratuites pour les Suédois et personnes de l'Union Européenne… Le système est extrêmement avantageux pour ceux qui souhaitent étudier avec des prises en charge, des remboursements d’emprunts ridicules, …
Vendredi 20 septembre : Visite de Franskaskolan (partie lycée aujourd’hui)
Plusieurs échanges intéressants aujourd’hui : une longue discussion avec le professeur de « gestion du stress », des cours de maths et physique avec les 15 ans, et de longs échanges avec les Français installés ici depuis plus ou moins longtemps. Mes découvertes du jour en 7 points aujourd’hui…
1. La surprise du jour : Tous les lycéens perçoivent 130 euros/mois (1050 kr). L’équivalent de notre allocation familiale est directement versée sur le compte de l’enfant (sur décision des parents) lorsque celui-ci entre au lycée – sous réserve qu’il aille à l’école… La majorité des ados perçoivent donc environ 130 euros/mois sans aucune restriction ou condition de revenus des parents. J'apprends également qu'une bonne partie des jeunes ont un petit boulot en soirée ou le week-end.
2. Anglais courant : Tout comme en Islande, je peux parler avec n’importe qui en anglais. Les jeunes parlent couramment, sans accent pour la plupart. Merci la TV (VO sous-titrée pour les films étrangers) et les jeux vidéos mais très TRES impressionnant… Tous les jeunes abordés me parlent par ailleurs facilement et avec plaisir – on les sent très à l’aise face aux étrangers et aux adultes…
3. Cours de gestion du stress : L’école expérimente depuis 2 ans des cours de gestion du stress (programme de 10 semaines pour les 8ème année=15 ans) pour apprendre aux enfants à relativiser ce qu’ils vivent et mieux gérer leurs émotions. Le programme repose principalement sur une série de petites illustrations (style BD) qui sont analysées avec les enfants. Des questionnaires permettent également à l’enfant d’évaluer son stress, en début et fin de programme. Un cours de Mindfullness avait été également proposé pendant 2 ans, mais finalement arrêté.
- Télécharger gratuitement le programme pour enseignant (en anglais):
- http://www.kpchr.org/research/public/common/getdocpublic.aspx?docid=2E11CCFD-84F5-47B5-9332-25B4A784F72E
- Télécharger gratuitement les documents : http://www.kpchr.org/research/public/acwd/acwd.html
4. Des salaires différents selon les enseignants… Les établissements sont autonomes pour le recrutement ET le SALAIRE de leurs enseignants. Au sein d’un même établissement, il n’y a pas de grille de salaires, les enseignants sont payés différemment les uns des autres – salaire revalorisé chaque année par le directeur. Pour info, les licenciements sont quasi-inexistants (syndicats très présents) mais le turn-over des enseignants semble assez important en Suède… Et des disciplines en pénurie de profs (biologie, sciences, technologie notamment), s’il y a des volontaires.... Le métier d'enseignant est peu valorisé y compris financièrement et ils sont soumis à une très forte pression parentale, qui semble grandir avec le temps (les enfants deviennent des "clients").
5. Un bureau pour chacun dans l’école. Si les enseignants n’enseignent pas plus que leurs homologues français, l’une des différences majeures réside dans le temps de présence dans l’établissement. Tous les enseignants ont un bureau sur place (bureau partagé à plusieurs) et ont pour obligation de rester un certain nombre d’heures imposées (33 heures). Chaque enseignant a son emploi du temps de présence sur place.
Un bureau, pour 3 enseignants...
6. Réunions, réunionites : Le travail coopératif est l’une des caractéristiques du système scolaire suédois. Les enseignants se réunissent toutes les semaines, avec leurs homologues, par classe d’âge, par matière, ou par projet. L’histoire ce complique lorsque les enseignants enseignent plusieurs matières et classes d’âge – ce qui particulièrement fréquent ici. Si le travail coopératif est apprécié, il semblerait que ces réunions alourdissent un peu trop l’emploi du temps. Le travail de mise en ligne d'un grand nombre d'infos semble considérablement peser sur les enseignants. La vocation commence donc à se faire de plus en plus rare...
7. Des conseils de classe hebdomadaires, dès l'année 5. L’école, comme toutes les écoles finlandaises, offrent des « conseils de classe » hebdomadaires, supervisés par le professeur principal et dirigé par les élèves élus par la classe… L’objectif est de permettre à chacun de s’exprimer sur la vie de la classe : organisation des sorties, problèmes, annonces. Une excellente idée mais qui ne semble pas trop marcher ici...
Lundi 23 septembre : Département éducation de la Municipalité de Stockholm
Si le Ministère de l'éducation fixe les programmes et objectifs nationaux, la responsabilité d'application est décentralisée et relève des municipalités (et que de responsabilités vous allez voir!).
La Municipalité de Stockholm a par ailleurs en charge le financement de toutes les écoles de la ville, qu’elles soient communales (publiques) ou indépendantes (friskolan = « libres », privées). Toutes ces écoles sont entièrement gratuites pour les parents (fournitures et livres compris)…J’ai RDV ce matin avec Kristina qui m’a par ailleurs organisé la majorité des visites d’écoles cette semaine. Un très grand merci Kristina !
> Site de la ville (département éducation) : http://international.stockholm.se/Politics-and-organisation/Education/
La ville de Stockholm et ses nombreux canaux - le clocher de la mairie en face...
Les découvertes du jour en 7 points (difficile de se limiter…)
1. Gratuité pour tous & Liberté de moyens. En Suède, le programme national est présenté par objectifs (goal targeted). Les écoles sont libres des moyens engagés pour les atteindre. Ainsi, les écoles “indépendantes” – gratuites je le rappelle- sont libres de proposer des enseignements de leur choix : pédagogies alternatives (Montessori, Steiner...), enseignements "confessionnels" (musulmans, juifs, catholiques,...), enseignements éthiques/linguistiques (école française,...) ou avec toute autre dominante (danse, chant,…). Pour info, 30% des écoles sont “indépendantes” à Stockholm...
2. Un forfait par enfant. Toutes les écoles (communales et indépendantes) sont financées par la Municipalité (ici de Stockholm) sur la même base. On leur attribue un forfait par enfant. Système libéral mais gratuit. Malgré tout, le système peine à assurer l'intégration des minorities. Les écoles, même gratuites, sont plus ou moins cotées, et la profession d'enseignants semble mal considérée... Recrutement en berne actuellement…
3. Obligations de RESULTATS pour la municipalité. Le poids des obligations qui pèsent sur chaque municipalité est énorme au-delà du financement. Deux points qui m’ont marquée :
- La municipalité doit trouver une crèche d’accueil dans le quartier de résidence des parents sous 3 mois…
- La municipalité a une obligation de résultats vis-à-vis des enfants scolarisés. Les parents qui le souhaitent peuvent donc dans leur bon droit faire un procès à la ville si leur enfant ne réussit pas…
- Rq : Les établissements préscolaires (à partir de 1 an) sont également financés par la municipalité, qu’ils soient communaux, indépendants ou coopératifs (groupements de parents par exemple). Tous les établissements sont quasi-gratuits (120 euros max/mois) et suivent le programme national.
4. L’école est responsable de l’absentéisme de l’enfant. Oui, oui.. Encore une fois, une obligation de résultats qui amènent à des situations complexes comme l’enseignant qui va frapper à la porte des parents… et ce jusqu’à ses 20 ans alors même que l’école n’est plus obligatoire après l’âge de 16 ans. Les enfants et parents deviennent des « clients »…
5. Sécurité émotionnelle : Le bien-être de l’enfant est la base de l’éducation en Suède. Kristina évoque avec moi que les enfants suédois sont des personnes créatives, entreprenantes, et « free spirit » (libres ?). La confiance en soi et la maturité apparaissent clairement. A modérer toutefois par la tendance générale à vouloir obtenir un consensus sur tout. Les Suédois expriment peu leur désapprobation.
Vidéo sur la confiance en soi (self esteem) dès le préscolaire (programme suédois - en anglais) :
http://www.stockholm.se/flash/slideshow/start_angbybarnen.html
6. Université gratuite : Je découvre aujourd’hui que l’université est gratuite pour les Suédois et pour les membres de l’Union Européenne… Certaines filières sont toutefois saturées et imposent une sélection à l’entrée (comme la filière psychologie par exemple). Tiens je viendrai bien faire une université d’été ici…
7. Un immense avantage sur la vie : Cela m’est rappelé ce matin mais les Suédois ont en général le sentiment qu’ils peuvent "transformer leur vie à tout moment" et à tout âge. Du fait de cette possible « éducation tout au long de la vie » bien ancrée dans les mœurs et le système éducatif, bon nombre de jeunes travaillent après le lycée ou partent voyager le temps de préciser ce qu’ils veulent faire après. Et peu importe l’orientation prise, celle-ci ne sera pas déterminante pour la vie entière.
Mardi 24 septembre : Gärdeskolan (Sollentuna - 7-15 ans)
Me voici aujourd’hui partie en blanlieue de Stockholm, dans la ville de Sollentuna pour visiter une école communale (=publique) pour les 7-15 ans (Grundskolan) représentative des écoles suédoises. J’assisterai notamment à 4 cours, principalement avec les 7 et 8 èmes années (Sciences humaines, anglais, art et français). Mes découvertes du jour :
Gärdeskolan
Sur les mur de la classe d'Histoire "I have a dream..."
1. Deux enseignants par classe. Cette école communale a fait le choix d’invetir son budget dans 2 enseignants par classe de 30 élèves en moyenne (au lieu d’un professeur pour 25 de manière générale). Les enseignants travaillent donc en binôme et semblent enchantés de cette situation. Il faut dire que durant les cours les enfants sont souvent amenés à faire des exercices seuls ou en groupes et les enseignants peuvent donc passer aider selon besoin. Encore une fois, l’école perçoit un forfait par élève et l’investit comme elle veut…
2. Cours de religion. L’initiation à la religion chrétienne (les Suédois sont des protestants non pratiquants, pour la plupart non croyants apparemment) mais aussi à toutes les autres religions fait partie du programme de scolarité obligatoire, dès la 1ère année.
3. ½ à 1h de devoirs par jour. J’ai pu interroger deux jeunes aujourd’hui pour avoir leur sentiment quant à l’école. Miranda et Tara (14 ans – en 8ème année) se sont donc prêtées au jeu et je les remercie.
- Peu de devoirs : 1/2h à 1h par jour max., principalement en maths, suédois et anglais (et 2h en période d’examens)
- Elles n’évoquent pas un plaisir fou à venir à l’école pour étudier mais plutôt pour retrouver leurs amis.
- Elles ne ressentent pas de stress si ce n’est pour les examens et le nouveau sytème de notation qu’elles trouvent pénalisant (Notes A à F mais avec effectivement une modulation complexe pour faire la moyenne).
- La compétition est présente entre les élèves (qui comparent leur note)
- Elles trouvent leurs enseignants proches d’elles et de manière générale préoccupés par leur bien-être
- Le professeur idéal : strict pour les aider à étudier et cool pour les soutenir
Classe de 8ème année (14 ans) : Ca Chauffe !
4. Vision russe. Je rencontre ce matin avec 2 russes (professeurs de maths) et en profite pour leur demander leur avis sur le système scolaire suédois. Dans un premier temps, le retour est unanime : “rien de bon – do not copy”. Un premier constat sombre. Les élèves semblent avoir 2 ans de moins que leurs homologues russes en matière de connaissances. Le problème de discipline et de respect est également soulevé. En creusant le sujet, un bon point est quand même trouvé : l’aspect social de l’école et le fait de prendre soin de l’enfant et de son bien-être.
5. Avant/Après. J’ai beaucoup apprécié ce matin l’approche des professeurs d’histoire. Avant de commencer la séquence sur l’Holocauste, ils ont fait passé un questionnaire aux enfants pour savoir ce qu’ils savaient sur le sujet (pas grand chose…). 4 semaines plus tard, après avoir terminé cette partie, les enfants ont repassé le même questionnaire (plus complet toutefois) pour voir ce qu’ils savaient désormais. Intéressant pour voir l’évolution des connaissances (le test est cependant noté). Le professeur d’histoire m’explique qu’en Suède, l’histoire n’est abordé pas d’un point de vue d’évènements et dates à retenir mais plutôt sous la forme de questionnements de fond: conditions ayant conduit à l’holocauste, ce qui s’est produit, les conséquences que cela a eu…
Avant Après
6. L’évaluation expliquée aux enfants. Un nouveau système de notation vient d’être mis en place (probablement sous l’influence de PISA). Les notes vont désormais de A (très bien) à F (échec) alors que 3 étaient appliquées auparavant : très bien, bien, échec. Pour pouvoir évaluer de manière équitable, les enseignants disposent donc d’une grille d’évaluation des compétences des élèves, divisée en 4 colonnes : F (échec), E, C, A(très bon). A l’enseignant de completer, la grille (comme ci-dessous) et de déterminer la note finale. Aujourd’hui, en cours de français, l’enseignante a expliqué la grille aux élèves en début de séquence : “Si vous savez faire ça …., vous aurez …” :; “Si vous savez faire ça …., vous aurez …”. L’idée de préciser les objectifs à atteindre aux enfants me paraît bonne, je retiens…
Elève en difficultés Objectifs atteints
7. Déjeuners gratuits pour tous. Je suis invitée à déjeuner avec enseignantes et élèves (pas de salle dédiée aux enseignants) et découvre une jolie cafétéria très bien fournie qui propose également des plats pour les végétariens et les personnes ayant des régimes spéciaux. Les repas sont gratuits pour tous... Apparemment, les prélèvements sur salaire (30%) sont versés à la municipalité qui prend notamment en charge l'éducation, nous l'avons déjà vu. La TVA est quant à elle sert au finacement des dépenses gouvernementales. De ce que l'on me dit, pas d'autres impôts de style impôt sur le revenu, taxe d'habitation et autres douceurs...
Et je retrouve comme en Islande des casiers pour chaque élève dans les couloirs… et un billard!
... CI-DESSOUS PHOTOS A VENIR BIENTOT...
Mercredi 25 septembre : Rodabergskolan (5-15 ans) et Kungsholmens gymnasium (16-18 ans)
Deux écoles aujourd’hui et toujours un chaleureux accueil par le principal des écoles avec thé et petits gâteaux. Un immense merci pour le temps consacré et la sincérité des échanges.
A noter, Kunsgsholmen est le meilleur lycée du pays, je découvre donc l’excellence (avec sections internationales – et section chorale, tien !), mais pas forcément représentative du reste du pays.
1) Fritis. Il est temps de parler du « Fritis », qui gère la garderie et les activités périscolaires de l’école. Dans toutes les écoles de Suède on retrouve ce Fritis qui accueille les enfants de 6h30/7h du matin à 17h (parfois 18h) le soir jusqu’à l’âge de 11 ans. Après les enfants sont autonomes…La particularité est que les employés du Fritis (qualifiés et parfois certifiés comme enseignants) travaillent en étroite collaboration avec les enseignants titulaires. Le personnel du fritis assiste d’ailleurs régulièrement les enseignants dans leur classe durant la journée ou prennent la moitié de la classe en activité.
2) Des soutiens personnalisés : Comme en Islande, nous retrouvons dans chaque école des « Spécial teachers » (en charge des élèves en difficultés scolaires), des « students conselor » (pour l’accompagnement émotionnel), parfois même un€ psychologue, une infirmière.
3) Des enseignants qui essaient de suivre leurs élèves : Dans la mesure du possible, les enseignants « principaux » essaient de garder leur classe dans le temps (mais ce n’est pas systématique) : ils gardent les enfants de la classe 1 à 3 – puis nouvel enseignant de la classe 4 à 6 (les classes 7 à 9 comptent plusieurs enseignants donc cela ne s’applique pas)
4) Côté lycée :
- Une sélection à l’entrée du lycée… Pour pouvoir entrer au lycée (tout comme dans certaines écoles élémentaires), il faut faire acte de candidature, avec sélection draconienne pour certains établissements. Kunsgholmen ne récupère que les meilleurs selon les notes de l’école obligatoire. Et parmi ces meilleurs, 1/3 seulement sera accepté… Le système du lycée est donc hyper sélectif (le « marché » du lycée a même lieu une fois par an).
- Les notes du lycée déterminantes. L’université est certes gratuite mais les filières restent très sélectives. Il faut avoir quasiment une note parfaite pour pouvoir entrer en médecine par exemple. Les 3 années de lycée semblent donc être particulièrement déterminantes pour la suite même s’il reste des passerelles. J’ai interrogé des jeunes filles sur le sujet pour en avoir le cœur net : pression certes mais pas plus de stress que ça… Brillantes et en plus elles sont zen… ;)
- Un curriculum obligatoire : Pas vraiment le choix des matières au lycée, l’élève choisit simplement sa section parmi les filières disponibles (sciences naturelles, sciences humaines…) et suit simplement deux ou trois cours de son choix durant les 3 ans.
- Professionnel vs intellectuel : Pas de surprise en Suède, les formations professionnelles sont aussi dévalorisées qu’en France et peinent à trouver des motivés… Pénurie d’électriciens, plombiers et autres à prévoir dans quelques années…
5) Graduation (remise des diplômes avec prix) : Comme dans beaucoup de pays, il y a une remise de diplôme officielle. Il y a même deux jours de célébration, le premier au lycée (runaway day – la « fuite »), le deuxième apparemment à l’église (pour la remise du diplôme). Moment précieux et joyeux apprécié de tous avec qq rituels au champagne apparemment… Je découvre même une remise de prix aux meilleurs élèves ou ceux engagés ou ayant eu une responsabilité dans l’école (une quarantaine de diplômés sur 300 recevront environ 200 euros – l’argent provient d’une cagnotte versée par les anciens élèves)
6) Une vie associative riche. Kunsgholmen n’est pas représentatif des autres lycées du pays mais les bonnes idées se retiennent… Le lycée compte 47 associations d’élèves (humanitaires, clubs de sports, politiques, féministes, « gentlemen », langues, …). Ces assos sont directement financées par l’association étudiante nationale selon leur nombre d’adhérents – association nationale elle-même financée par le gouvernement.
Jeudi 26 septembre : Alviksskolan (Bromma – 1100 élèves, 5-16 ans)
Une visite d’école en proche banlieue et 3 autres RDV (au département de l’éducation, à l’université et dans un petit café avec une formatrice d’enseignants). Grosse journée aujourd’hui.
1) Des objectifs clairement présentés : Très régulièrement, les objectifs à atteindre sont présentés aux enfants (vous devrez pouvoir….) et le plus souvent discutés : Pourquoi ces objectifs sont-ils utiles ? Sont-ils vraiment utiles ? Comment pouvons-nous atteindre ces objectifs ? Quelles ressources mobiliser ? … Et en fin de séance, qu’avons-nous appris de ce travail ? Comment était le processus ?
2) Questionnement permanent : Il me paraît évident en cette fin de séjour que l’un des atouts du système scolaire est assurément le développement de l’esprit critique (critical thinking), au niveau des enfants, tout comme de l’équipe pédagogique (toujours en recherche d’amélioration). Les Suédois vont très loin pour questionner les questions… et amener l’enfant à penser/analyser sa démarche et son apprentissage. Une méthodologie autour des "Big 5" (les 5 grands animaux de la jungle) a même été développée au sein de l'école pour aider les enfants à identifier la compétence qu'ils doivent mobiliser (compréhension, réflexion, analyse, recherche, mobilisation ressources...)
3) Des journées pour « apprendre à apprendre », je découvre aujourd’hui que tous les enfants ont deux fois par an des journées entières consacrées à « apprendre à apprendre ». Ils y découvrent notamment s’ils sont visuels (=mémoire visuelle), auditifs (mémoire auditive), kinesthésiques et comment étudier au mieux selon leur profil … Bravo !!!
4) Formation des enseignants. Pendant très longtemps, il ne fallait aucun diplôme pour enseigner en Suède et cela fait débat actuellement… Depuis 2011, des mesures sont en cours. D’ici 2015, tous les enseignants devront être qualifiés par un diplôme officiel pour pouvoir exercer. Actuellement, il faut entre 4 et 5 ans d’études pour devenir enseignant incluant 1.5 an de pédagogie et didactique (didactique, histoire de l’enseignement, psychologie et développement de l’enfant, comment mener une classe « leadership and interaction », comment amener l’enfant à être autonome, analyse et réflexion autour des pratiques, l’évaluation, la pédagogie du genre, gestion des conflits, pédagogie suédoise…)… Une vraie réflexion de fond est recherchée qui semble des plus intéressantes. Malheureusement, le métier d’enseignant étant peu rémunéré et peu valorisé en Suède, les candidats n’ont pas toujours le meilleur profil pour ce métier délicat.
5) Journées humanitaires. Comme de nombreuses écoles (nous avons déjà vu cela en Islande), les écoles organisent des journées pour récolter des fonds dans un objectif humanitaire. Un festival est organisé chaque année au mois de juin, le temps d’un après-midi, permettant de récolter près de 10000 euros.
Vendredi 27 septembre : Herrängensskola (564 élèves – banlieue privilégiée)
Je pars dans le bois aujourd’hui… Herrängensskola se trouve en effet littéralement dans les bois, et j’emprunte un petit chemin forestier pour y parvenir. Encore une fois, je suis merveilleusement bien accueillie par le principal, les deux adjoints ainsi que les coordinateurs – pour une visite d’école et de passionnants échanges.
1) Hiérarchie : Comme dans de nombreuses écoles, le directeur est assisté de d’adjoints, eux-mêmes soutenus par des coordinateurs (qui supervisent pédagogiquement un groupe d’enseignants). Et depuis la rentrée, on trouve les « First teachers » (les premiers enseignants), dynamiques et expérimentés dont le rôle est de soutenir l’équipe enseignante par des conseils avisés…
2) Implication & questionnement : Comme dans toutes les écoles visitées, je retrouve la même implication au niveau de l’ensemble du personnel. Ils connaissent les chiffres de l’éducation, que ce soit au niveau de leur école ou au niveau national… Ils se remettent en question et je suis impressionnée par leur volonté de s’améliorer en permanence.
3) Repas gratuits. Comme dans toutes écoles de Suède, les déjeuners sont offerts aux enfants, à tous âges. Toutes les cantines visitées offrent une bonne diversité de plats pour composer une salade et il y a un ou deux plats chauds. Les livres et fournitures sont également fournies – parfois même le transport sous certaines conditions.
4) Massage : Je découvre aujourd’hui dans l’école un deuxième fauteuil bien-être. Celui-ci à la spécificité d’oxygéner le sang grâce à des impulsions électriques (que l’on ne sent pas…). On m’apprend que la majorité des enseignants l’utilisent quotiennement. Oui, je comprends… J
5) « Habits of Mind »... Le principal de l’école attire mon attention sur les recherches provenant de Nouvelle-Zélande décrivant la pédagogie des « Habits of mind », caractérisant ce que font les gens intelligents lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes dont la solution n’est pas immédiatement évidente – et classés en 16 critères :
- Persévérance
- Gestion de l'impulsivité
- Écoute consciente et empathie
- Flexibilité de la pensée
- Réflexion sur la réflexion (métacognition)
- Recherche de précision
- Questionnement et savoir poser les problèmes
- Utilisation des connaissances antérieures sur de nouvelles situations
- Penser et de communiquer avec clarté et précision
- Collecter les données via tous les sens humains
- Créer, imaginer, innover
- Répondant avec émerveillement ou effroi
- Prendre des risques calculés
- Trouver l’humour dans les situations
- Penser de façon interdépendante
- Etre ouvert à l’apprentissage tout aulong de la vie
> Site web : http://www.artcostacentre.com/html/habits.htm
> Video : http://www.youtube.com/watch?v=OT0vXFP_RYI
Voilà, c’est fini pour la Suède, j’espère que vous vous êtes régalés!
il reste encore beaucoup à dire sur le système scolaire suédois mais la Finlande nous attend déjà. Vous pourrez en savoir davantage à l’occasion des conférences qui seront données sur Montpellier et Paris en novembre 2013 (voir lien Conférences). Des e-books seront également produits après ce voyage.
Enfin, nous vous invitons à nous envoyer toutes infos complémentaires à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou à nous suivre sur Facebook, sur notre page J’aime « Ecoles du Monde – Acteurs en Education ».
… Suite avec la Finlande